Indicateurs économiques

Etats-Unis: La Fed relève son taux de 75 points de base et suggère la possibilité d’un ralentissement


Photo d’archives du siège de la Réserve fédérale américaine (Fed) à Washington D. C, États-Unis. /Photo prise le 22 août 2018/REUTERS Chris Wattie

par Howard Schneider et Ann Saphir

WASHINGTON (Reuters) — La Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé mercredi son principal taux d’intérêt de trois quarts de point dans le but de freiner l’inflation, mais a suggéré que les futures augmentations du coût du crédit pourraient se faire à un rythme moins rapide.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué lors d’une conférence de presse qu’un ralentissement des hausses de taux pourrait avoir lieu dès la prochaine réunion, en décembre.

Le moment de réévaluer le rythme des hausses «arrive», a déclaré Jerome Powell.

«Cela peut arriver dès la prochaine réunion ou celle d’après», a-t-il poursuivi. «Aucune décision n’a été prise. Il est probable que nous ayons un débat à ce sujet lors de la prochaine réunion.»

Il a toutefois averti qu’il y a une importante incertitude sur le niveau que devait atteindre l’objectif de taux des fonds fédéraux, qui pourrait être plus élevé que ce que les responsables de l’institution avaient estimé en septembre.

L’évolution de la formulation du communiqué, publié à l’issue de deux jours de débats, prend en compte l’impact toujours évolutif de la remontée rapide du taux de la Fed et de la volonté de le porter à un niveau «suffisamment restrictif pour ramener l’inflation à 2% à terme».

Les «hausses» de l’objectif de taux «seront appropriées», a déclare la Fed. «En déterminant le rythme des futures augmentations de la fourchette cible, le comité prendra en compte le resserrement cumulatif de la politique monétaire, les délais avec lesquels la politique monétaire affecte l’activité économique et l’inflation, ainsi que les développements économiques et financiers», a-t-elle ajouté.

Le changement de formulation de l’institution témoigne du large débat qui s’est instauré sur l’impact du resserrement monétaire sur l’économie et le risque que de fortes hausses de taux ne fragilisent le système financier ou ne déclenchent une récession.

Alors que ses récentes augmentations de taux de 75 points de base ont été décidées au nom de la nécessité d’agir «rapidement» pour endiguer l’inflation, qui atteint un plus haut depuis 40 ans, la banque centrale entre maintenant dans une phase plus nuancée.

«TRÈS PRÉMATURÉ» DE PENSER À UNE PAUSE

L’objectif de taux des fonds fédéraux («fed funds»), le principal instrument de la politique monétaire de la Fed, est porté entre 3,75% et 4%, le niveau le plus élevé depuis début 2008.

La banque centrale a augmenté son taux lors des six dernières réunions, opérant sa remontée la plus rapide depuis l’ère Paul Volcker dans les années 1970 et 1980.

Les membres du Federal Open Market Committee (FOMC), le comité de politique monétaire de la Fed, restent «très attentifs aux risques inflationnistes», a ajouté la Fed.

Elle a souligné que l’économie semblait progresser à un rythme modéré, avec des créations d’emplois toujours «solides» et un faible taux de chômage.

Le signal envoyé par Jerome Powell, suggérant que la Fed en a fini avec la phase agressive de son resserrement, a été salué par les marchés boursiers. Mais ses commentaires sur l’objectif de taux susceptible d’être plus élevé que prévu et sur le caractère «très prématuré» de l’idée même d’une pause ont ramené les indices de Wall Street dans le rouge.

L’indice Standard & Poor’s 500 a fini en baisse de 2,50%.

Le rendement des bons du Trésor à dix ans était en hausse de plus de deux points de base à 4,0796% et le dollar gagnait 0,48% face à un panier de devises de référence.

En septembre, la médiane des prévisions des membres du FOMC donne un taux des «fed funds» entre 4,5% et 4,75% en 2023. Les marchés à terme de taux de taux d’intérêt reflètent désormais une probabilité estimée de 50% que l’objectif culmine à 5%, voire plus, l’année prochaine.

Le changement de vocabulaire du FOMC «m’a un peu pris par surprise», a déclaré Derek Tang, économiste chez LH Meyer. Le communiqué «était beaucoup plus précis sur une éventuelle inflexion que je ne le pensais. Je pensais que (Jerome Powell) allait réserver son jugement jusqu’en décembre mais il semble que le comité soit parvenu à un consensus sur le fait qu’ils pourraient ralentir dès décembre, en fonction de l’évolution des données.»

(Reportage Howard Schneider, avec Michael S. Derby, version française Laetitia Volga, édité par Camille Raynaud)

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