Economie

Biden s’en prend à Trump dans son discours sur l’état de l’Union


Le président américain Joe Biden après son troisième discours sur l’état de l’Union dans la Chambre du Capitole des États-Unis à Washington DC. /Photo prise le 7 mars 2024/REUTERS/Shawn Thew

par Jeff Mason, Gabriella Borter et Idrees Ali

WASHINGTON (Reuters) — Le président américain Joe Biden s’en est vivement pris jeudi à Donald Trump et aux républicains lors de son dernier discours sur l’état de l’Union avant l’élection présidentielle du 5 novembre, accusant son prédécesseur de menacer la démocratie aux Etats-Unis.

Alors que les deux hommes sont assurés depuis mardi d’obtenir l’investiture de leurs partis respectifs, Joe Biden a accusé Donald Trump d’avoir travesti la vérité sur l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, de s’être soumis au président russe Vladimir Poutine et d’avoir torpillé un projet de loi visant à contrôler l’immigration illégale à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.

Le président a profité de son discours, qui a duré un peu plus d’une heure, pour s’adresser directement à des millions d’Américains et leur présenter sa vision d’un autre mandat de quatre ans.

Joe Biden, qui s’exprimait devant les deux chambres du Congrès, a commencé par critiquer directement Donald Trump — sans jamais citer son nom — pour ses déclarations invitant le président russe Vladimir Poutine à envahir des pays de l’Otan s’ils ne dépensaient pas davantage pour leur défense.

«Mon prédécesseur, un ancien président républicain, dit à Poutine, je cite: ‘Faites ce que vous voulez'», a dit Joe Biden. «Je pense que c’est scandaleux, dangereux et inacceptable.»

Le président démocrate, qui fait pression sur le Congrès pour qu’il vote une nouvelle aide à l’Ukraine, a également adressé un message à Vladimir Poutine. «Nous ne nous déroberons pas», a-t-il dit.

Joe Biden a souligné combien il se distinguait de Donald Trump, notamment sur les questions de la démocratie, du droit à l’avortement et de l’économie.

Le président américain a également accusé Donald Trump et les républicains de vouloir réécrire l’histoire en ce qui concerne les événements du 6 janvier 2021, lorsque des partisans de l’ancien président ont pris d’assaut le Capitole afin d’empêcher le Congrès de valider la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle de 2020.

LE DUEL BIDEN-TRUMP LANCÉ

«Mon prédécesseur et certains d’entre vous cherchent à dissimuler la vérité sur le 6 janvier. Je ne le ferai pas», a dit Joe Biden, ce qui donne à penser qu’il reviendra sur ce sujet lors de sa campagne. «Vous ne pouvez pas aimer votre pays uniquement lorsque vous gagnez.»

Bien que Joe Biden soit confronté au mécontentement de certains membres de son parti, opposés à sa politique pro-israélienne, l’enthousiasme l’emportait chez les démocrates présents au Congrès. Ils ont fait bon accueil au président, l’encourageant et l’applaudissant alors qu’il s’avançait vers le pupitre.

Donald Trump, pendant ce temps, a envoyé une rafale de messages hostiles à Joe Biden sur sa plateforme Truth Social. «Il a l’air tellement en colère quand il parle, c’est un trait des gens qui ‘perdent la boule'», a-t-il écrit. «Le bruit et la colère ne sont d’aucune aide pour rassembler notre pays.»

Les sondages donnent Joe Biden, 81 ans, et Donald Trump, 77 ans, au coude à coude aussi bien au niveau national que dans les «swing states», ces Etats qui votent tantôt démocrate, tantôt républicain, où l’issue du scrutin du 5 novembre se jouera encore une fois cette année.

L’ancien président, qui continue d’affirmer sans preuve que l’élection de 2020 a été truquée et menace s’il est réélu de jeter en prison quiconque s’opposerait à lui, est visé par plusieurs affaires pour lesquelles il a été inculpé au pénal.

Le discours sur l’état de l’Union représentait une opportunité pour Joe Biden de convaincre les électeurs qu’il demeure la meilleure alternative à un retour au pouvoir de Donald Trump, promis à l’investiture républicaine après le retrait de Nikki Haley des primaires au lendemain du «Super Tuesday» mardi dernier.

DROIT À L’AVORTEMENT ET IMPOSITION DES RICHES

Joe Biden a rappelé son soutien au droit à l’avortement et s’est engagé à légiférer sur le sujet si suffisamment de démocrates sont élus au Congrès en novembre. Les démocrates ont remporté de nombreux scrutins en faisant campagne sur le sujet depuis que la Cour suprême des Etats-Unis a remis en cause ce droit, conséquence directe de la nomination de trois juges conservateurs par Donald Trump.

Le locataire de la Maison blanche a également cherché à redorer son blason auprès des Américains en mettant en avant la solidité de l’économie américaine. Il a proposé au Congrès de relever le niveau d’imposition minimum des entreprises et des Américains dont la fortune dépasse 100 millions de dollars.

Une telle réforme fiscale a peu de chances d’aboutir, à moins que les démocrates n’obtiennent la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, en plus de remporter la Maison blanche, en novembre prochain.

L’économie américaine affiche une forte croissance de l’emploi, des salaires et des dépenses de consommation malgré la persistance de taux d’intérêts élevés imposés par la Réserve fédérale pour juguler l’inflation.

Malgré ce bon bilan, une majorité d’Américains dit faire davantage confiance à Donald Trump pour gérer l’économie.

«Joe Biden fuit son bilan (…) pour échapper à la responsabilité de l’horrible dévastation que lui et son parti ont créée», a écrit Donald Trump dans un message publié sur Truth Social avant le début du discours sur l’état de l’Union.

Joe Biden a annoncé la construction par l’armée américaine d’un port temporaire sur la côte méditerranéenne de la bande de Gaza destiné à recevoir de l’aide humanitaire par la voie maritime.

Le président américain a de nouveau demandé à la Chambre des représentants, dirigée par le trumpiste Mike Johnson, de voter enfin l’aide de 95 milliards de dollars destinée à l’Ukraine, Israël et Taïwan.

Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, figurait parmi les invités de la Première dame, Jill Biden. L’entrée de la Suède dans l’Otan avait été officialisée un peu plus tôt dans la journée à Washington.

(Reportage Jeff Mason, Gabriella Borter, Idrees Ali et Steve Holland, avec la contribution de David Lawder, David Morgan, Jonathan Landay, Susan Heavey, Makini Brice, Katharine Jackson et Paul Grant; version française Camille Raynaud et Tangi Salaün, édité par Bertrand Boucey)

Source

Похожие статьи

Добавить комментарий

Ваш адрес email не будет опубликован. Обязательные поля помечены *

Кнопка «Наверх»