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Iran: Tirs lors d’un rassemblement à la mémoire de Mahsa Amini, selon un témoin


Des manifestants chantent lors d’une veillée pour Mahsa Amini, la femme décédée en garde à vue le mois dernier, dans le hall d’entrée de l’Université de technologie Khajeh Nasir Toosi à Téhéran, en Iran. /Image diffusée sur les réseaux sociaux

par Parisa Hafezi

DUBAÏ (Reuters) — Les forces de sécurité iraniennes ont ouvert le feu sur des personnes qui s’étaient rassemblées à Saqez, la ville natale de Mahsa Amini au Kurdistan iranien, quarante jours après la mort de la jeune femme de 22 ans en détention, a déclaré un témoin mercredi.

Les médias d’État ont pour leur part rapporté que certaines des quelque 10.000 personnes présentes au cimetière avaient affronté la police anti-émeute.

«La police anti-émeute a tiré sur les personnes en deuil qui s’étaient rassemblées au cimetière pour la cérémonie à la mémoire de Mahsa… Des dizaines de personnes ont été arrêtées», a dit le témoin.

Les autorités iraniennes n’ont pas immédiatement réagi à ces informations.

Selon l’agence de presse semi-officielle Isna, l’accès à Internet a été coupé dans la région par «mesure de sécurité».

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des milliers d’Iraniens marchant vers le cimetière dans lequel Mahsa Amini a été inhumée, malgré la forte présence de la police anti-émeute et les avertissements des autorités, qui avaient demandé à la famille de ne pas organiser de procession, selon des groupes de défense des droits de l’homme.

«Des habitants de toute la province du Kurdistan sont ici. Nous pleurons tous ensemble la mort de Mahsa», a déclaré une personne présente au cimetière.

Des activistes avaient appelé à des manifestations dans tout le pays pour marquer la fin de la période de 40 jours de deuil depuis sa mort.

Selon des témoins, les forces de sécurité étaient également massivement déployées dans la capitale Téhéran, ou encore dans les villes de Tabriz et Rasht, également dans le nord du pays.

LE MOUVEMENT DE CONTESTATION NE FAIBLIT PAS

La totalité des écoles et des universités de la province du Kurdistan iranien ont par ailleurs été fermées ce mercredi «en raison d’une vague de grippe», ont rapporté les médias officiels iraniens.

A Saqez, policiers et miliciens bassidji (des volontaires qui constituent une force paramilitaire dépendant du corps d’élite des Gardiens de la révolution-NDLR) étaient présents en nombre pour empêcher l’accès au cimetière où repose Mahsa Amini, a rapporté un témoin présent sur place.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, dont Reuters n’a pas pu vérifier l’authenticité, montraient des membres des forces de sécurité bloquant les routes d’accès à Saqez, ainsi que des gens scandant «mort à (Ali) Khamenei», le guide suprême de la Révolution, dans le cimetière de la ville.

La mort en détention mi-septembre de Mahsa Amini a déclenché une vague de manifestations, qui se sont poursuivies malgré une répression de plus en plus meurtrière, avec au moins 250 morts et des milliers d’arrestations selon les groupes de défense des droits de l’homme.

Ce mouvement de contestation des autorités religieuses iraniennes est l’un des plus importants depuis la révolution islamique de 1979.

Alimenté jusqu’ici par la jeunesse iranienne, avec des grèves dans des dizaines d’université, le mouvement pourrait encore prendre de l’ampleur avec la fin de la période de 40 jours de deuil.

Selon une vidéo publiée par un activiste iranien très suivi, des travailleurs d’une raffinerie de Téhéran se sont mis en grève mais l’agence de presse officielle Irna a relayé le démenti d’un responsable de cette raffinerie.

(Rédigé par Parisa Hafezi, version française Myriam Rivet et Dagmarah Mackos, édité par Nicolas Delame et Tangi Salaün)

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