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La Russie suspend sa participation à l’accord sur les exportations de céréales


Une moissonneuse-batteuse récolte du blé dans un champ près du village de Zghurivka, dans la région de Kyiv, en Ukraine. /Photo prise le 9 août 2022/REUTERS/Viacheslav Musiienko

MOSCOU (Reuters) — La Russie a suspendu samedi sa participation à la mise en oeuvre de l’accord sur les exportations de céréales depuis les ports ukrainiens en dénonçant des attaques visant des bâtiments de sa marine en Crimée, un «faux prétexte» selon l’Ukraine.

La Russie a adressé une lettre au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour l’informer qu’elle suspendait l’application de l’accord conclu en juillet dernier «pour une période indéterminée» au motif qu’elle ne pouvait plus «garantir la sécurité des navires civils» transportant les marchandises.

Moscou a également demandé que le Conseil de sécurité de l’Onu se réunisse lundi sur cette question, a déclaré sur Twitter (NYSE:TWTR) l’ambassadeur adjoint de la Russie auprès des Nations unies, Dmitri Polianski.

La Russie accuse les forces ukrainiennes d’avoir mené, avec l’appui de «spécialistes britanniques», des attaques à l’aide de 16 drones contre des navires de la flotte russe de la mer Noire samedi matin dans le port de Sébastopol en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014.

Elle a dit avoir repoussé ces attaques mais ajouté que les navires visés étaient chargés d’assurer la sécurité du «corridor céréalier» mis en place en vertu de l’accord de juillet.

Le ministère russe de la Défense a également déclaré que les explosions sur les gazoducs Nord Stream en mer Baltique le mois dernier avaient été causées par des soldats de la marine britannique.

La Grande-Bretagne a rejeté en bloc les accusations russes, destinées selon Londres à faire oublier les déboires militaires de la Russie sur le champ de bataille ukrainien.

Le président ukrainien Volodimir Zelensky a estimé que la décision de la Russie sur l’accord céréalier exigeait une réponse internationale forte de la part de l’Onu et du G20.

«C’est une tentative totalement transparente de la part de la Russie de brandir à nouveau la menace d’une famine à grande échelle en Afrique, en Asie», a-t-il dit dans un message vidéo.

KYIV DÉNONCE UN CHANTAGE

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kouleba, a accusé Moscou d’utiliser un «faux prétexte» et appelé «tous les Etats à exiger de la Russie qu’elle cesse de jouer avec la faim et respecte ses obligations».

Andriy Yermak, chef de cabinet du président ukrainien Volodimir Zelensky, a accusé la Russie de «chantage» au prétexte d'»attaques terroristes inventées». «L’archaïsme du chantage russe est visible par tout le monde. Chantage sur le nucléaire, sur l’énergie, sur la nourriture», a-t-il dit sur Telegram.

«Pour la Russie, c’est une guerre de destruction, pour nous, c’est une guerre pour la survie. Et tant qu’ils essaient de nous abolir en tant qu’Etat et en tant que nation, tout accord avec la Russie sera voué à l’échec», a ajouté Andriy Yermak.

Dans un communiqué, l’Union européenne a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute action unilatérale mettant en péril un accord crucial d’un point de vue humanitaire.

L’accord sur les céréales, signé en Turquie le 22 juillet dernier sous les auspices des Nations unies, a été conclu pour une durée de 120 jours et doit expirer le 19 novembre. Il a permis l’exportation de 9 millions de tonnes de céréales en levant partiellement le blocus des ports ukrainiens en vigueur depuis l’invasion russe en février dernier.

Mais la Russie a critiqué à maintes reprises la mise en oeuvre de l’accord, que les Nations unies ont appelé à renouveler.

«Les gouvernements, les compagnies de transport maritime, les négociants de céréales et d’engrais et les agriculteurs du monde entier» attendent de la clarté sur l’avenir de l’accord, a souligné vendredi soir le porte-parole d’Antonio Guterres, Stephane Dujarric.

«La Russie n’a tiré aucun profit de cet accord», a estimé Turan Oguz, spécialiste turc des questions de défense. «Je pense que la principale raison du retrait russe est l’indifférence occidentale à l’égard de la Russie.»

Samedi, le ministre russe de l’Agriculture, Dmitri Patrouchev, a annoncé que la Russie était prête à fournir jusqu’à 500.000 tonnes de céréales à des pays pauvres au cours des quatre prochains mois, avec l’aide de la Turquie.

«En prenant en compte la récolte de cette année, la Fédération russe est tout à fait prête à remplacer les céréales ukrainiennes et à livrer des fournitures à des prix abordables à tous les pays intéressés», a-t-il dit.

(Bureaux de Reuters, rédité par Guy Faulconbridge, version française Jean-Stéphane Brosse)

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