Indicateurs économiques

Le gouvernement met la dernière main à sa réforme des retraites


La Première ministre Elisabeth Borne lors d’une cérémonie au Stade de France pour rendre hommage aux victimes des attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Saint Denis. /Photo prise le 13 novembre 2022/REUTERS/Teresa Suarez

par Elizabeth Pineau et Caroline Pailliez

PARIS (Reuters) — Le gouvernement lance une dernière salve de consultations avant la présentation, la semaine prochaine, d’une réforme des retraites à ses yeux indispensable mais fort délicate à faire accepter, notamment en ce qui concerne le report de l’âge légal de départ.

Après les organisations patronales, la Première ministre, Elisabeth Borne, rencontre ce jeudi l’ensemble des syndicats. Elle s’entretiendra en début de semaine prochaine avec les différents groupes parlementaires avant une présentation de la réforme envisagée le jeudi 15 décembre.

Mercredi soir, les ténors de la majorité ont retrouvé Emmanuel Macron à l’Elysée pour un dîner où la réforme — déjà lancée durant le premier quinquennat mais abandonnée après une forte contestation et l’irruption de la pandémie liée au COVID-19 — a constitué le plat principal.

Pour l’heure, Emmanuel Macron maintient sa promesse de campagne de repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans d’ici 2031.

«On avance, on est ferme. On part de 65 ans et on voit si certains veulent proposer et avancer» a dit à Reuters un participant à ce repas, en référence aux tractations en cours avec les parlementaires notamment attachés au rééquilibrage financier du régime et susceptibles de s’entendre avec le camp présidentiel.

Faute de majorité absolue au Palais-Bourbon, l’exécutif espère convaincre Les Républicains (LR), qui contrôlent le Sénat et comptent une soixantaine de députés, tout comme la vingtaine de députés centristes du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot).

Selon leurs entourages, le président du groupe LR au Palais-Bourbon, Olivier Marleix, et son collègue du Sénat, Bruno Retailleau, se sont entretenus avec le ministre du Travail, Olivier Dussopt et verront Elisabeth Borne la semaine prochaine.

«Le groupe LR est opposé à une mesure d’âge seule et attend des garanties sur les carrières longues et la pénibilitité avant de se prononcer», a dit à Reuters l’entourage d’Olivier Marleix.

Le groupe centriste Liot, qui sera reçu à Matignon mercredi, est fermement opposé à un report de l’âge légal à 65 ans et réclame un vaste plan pour l’emploi des seniors, a dit à Reuters son co-président, Christophe Naegelen.

POSSIBLE RECOURS AU 49.3

De son côté, le groupe LR au Sénat a préparé une mouture prévoyant un recul à 64 ans de la borne d’âge et l’augmentation de la durée de cotisation nécessaire afin d’obtenir une retraite à taux plein plus rapidement que ce qui est prévu par la réforme de 2014.

Ces deux mesures combinées pourraient générer entre 10 et 12 milliards d’euros d’économies selon René-Paul Savary, le sénateur à l’origine d’un amendement ad hoc présenté lors de l’examen projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Pour ce qui est du véhicule législatif, «rien n’est tranché» assure une source gouvernementale.

Un parlementaire au fait du dossier a toutefois évoqué lors d’un entretien à Reuters la piste d’un recours à un projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificatif sur la seule question de l’âge, qui ouvrirait la possibilité de recourir à l’article 49.3 de la Constitution permettant de faire adopter le texte sans vote.

Les autres mesures portant sur l’emploi des seniors, les carrières longues, ou encore la maniabilité seraient incluse dans un projet de loi plus vaste.

«Le texte serait susceptible d’être voté par davantage de parlementaires dans la mesure où la question de l’âge n’y figurerait pas. La méthode est maline !», dit ce parlementaire.

Du côté des syndicats, la contestation se prépare. Dans un communiqué commun publié lundi, les cinq organisations représentatives de salariés et les syndicats étudiants annoncent pour janvier une mobilisation unitaire si le gouvernement persiste dans son idée de toucher à l’âge légal de départ à la retraite et à la durée de cotisation.

Selon la CGT, il faut remonter à la réforme du Code du travail de 2017 pour retrouver une telle unanimité syndicale.

Pour la négociatrice de la centrale, Catherine Perret, le gouvernement se met en danger en maintenant son projet.

«Le risque est qu’à la question des retraites s’agrège d’autres sujets de mécontentement, comme les salaires, la hausse du coût de l’énergie, l’assurance chômage. Tout cela est explosif. Les retraites risquent d’être la goutte d’eau qui fait déborder le vase», a-t-elle dit à Reuters.

(Reportage Elizabeth Pineau et Caroline Pailliez, édité par Blandine Hénault)

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