Economie

Législatives en Tunisie pour parachever le retour au régime présidentiel

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Des membres du parti Ennahda remplissent leur bulletin de vote lors de l’élection de la nouvelle direction d’Ennahda à Tunis, Tunisie. /Photo prise le 16 juillet 2012/REUTERS/Zoubeir Souissi

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par Tarek Amara et Angus McDowall

TUNIS (Reuters) — Les Tunisiens sont appelés aux urnes samedi pour élire un nouveau Parlement privé de pratiquement tout pouvoir, dernière étape de la transformation du pays en régime ultra-présidentiel sous la houlette de Kaïs Saïed.

L’opposition tunisienne, qui appelle au boycott du scrutin, dénonce la dérive autoritaire de Kaïs Saïed, qui avait suspendu le précédent Parlement l’an dernier et qui a fait adopter cet été une nouvelle Constitution entérinant les quasi pleins pouvoirs du chef de l’Etat.

Ironie de l’Histoire, les élections se tiennent à la date anniversaire de l’immolation de Mohamed Bouazizi, un vendeur de rue dont la mort avait entraîné le soulèvement du pays jusqu’à la chute du régime autocratique du président Zine el Abidine Ben Ali, point de départ des «printemps arabes» en 2011.

Douze ans plus tard, la Tunisie est, selon les contempteurs de Kaïs Saïed, en train de refermer définitivement la parenthèse d’une transition démocratique à laquelle elle a été pendant une décennie le seul des pays arabes concernés à se raccrocher, même de manière chaotique, alors que l’armée a très tôt repris le pouvoir en Egypte et que la Libye, la Syrie et le Yémen se sont enfoncés dans la guerre civile.

Lassés par l’instabilité politique, frappés de plein fouet par la crise économique et l’inflation, la plupart des Tunisiens semblent désabusés et démobilisés à la veille du scrutin, après avoir déjà boudé les urnes lors du référendum constitutionnel cet été.

«Ils ont fait de nos vies un enfer (…) Notre rêve le plus fou est de trouver une bouteille de lait pour nos enfants», a dit à Reuters Mohamed Salmi, ouvrier dans le bâtiment, qui n’a pas l’intention de voter.

BOYCOTT DE L’OPPOSITION

Kaïs Saïed, un ancien professeur de droit élu en 2019 sous étiquette indépendante, présente le scrutin comme une étape importante de son projet visant à mettre fin au chaos et à la corruption dans le pays.

Le chef de l’Etat, qui gouverne par décrets depuis qu’il a suspendu l’ancien Parlement à l’été 2021, s’est mis à dos toute l’opposition, des islamistes d’Ennahda aux destouriens issus pour partie de l’ancien parti de Ben Ali.

Ahmed Néjib Chebbi, qui a pris la tête d’une coalition constituée par des opposants, dont Ennahda, a qualifié les élections qu’il va boycotter de «farce» et estimé que le résultat n’aurait aucune conséquence sur la vie politique du pays, le président ayant désormais seul le pouvoir de nommer le Premier ministre.

L’autoritarisme de Kaïs Saïed suscite de plus en plus de résistance en Tunisie, y compris de la principale centrale syndicale, l’UGTT, qui avait dans un premier temps soutenu certaines de ses initiatives mais qui l’a vivement critiqué à l’approche des élections.

La situation pourrait encore se compliquer pour le chef de l’Etat si le gouvernement entreprend les réformes impopulaires réclamées par le Fonds monétaire international (FMI) pour débloquer un prêt d’1,9 milliard de dollars qui aiderait la Tunisie à surmonter la crise économique.

(Reportage de Tarek Amara et Angus McDowall, rédigé par Tom Perry, version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)

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