Economie

Rome dit regretter les frictions avec la France sur l’Ocean Viking


Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, lors de la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement italien. /Photo prise le 22 octobre 2022/ REUTERS/Yara Nardi

par Angelo Amante

ROME (Reuters) — L’Italie a dit regretter, mercredi, les tensions récentes avec la France sur le dossier de l’immigration, après le refus du gouvernement italien d’accueillir dans ses ports l'»Ocean Viking», un navire affrété par l’ONG SOS Méditerranée qui a finalement accosté vendredi dans la rade de Toulon (Var).

S’exprimant devant le Sénat, le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a déclaré que l’Ocean Viking avait décidé «de manière autonome» de se diriger vers les eaux françaises après plusieurs jours passés au large de la Sicile.

«L’Italie n’a jamais cherché une telle décision, qui a créé des tensions internationales (…) et pourrait engendrer des répercussions sur la politique migratoire au niveau européen», a-t-il ajouté.

Les autorités françaises ont dénoncé la semaine dernière l’attitude «irresponsable» et «inhumaine» de Rome, où la dirigeante d’extrême droite Giorgia Meloni a durci la politique migratoire de l’Italie tout en plaidant auprès de Bruxelles pour plus de solidarité européenne en la matière.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a prévenu jeudi que Paris allait tirer «toutes les conséquences» de l’attitude de Rome sur les relations entre les deux pays. Les autorités françaises ont déjà décidé la suspension du transfert en France de quelque 3.500 migrants arrivés sur le sol italien, prévu dans le cadre d’un accord de répartition au niveau européen, «tant que l’Italie gardera son comportement qui est contraire au droit international et contraire à la solidarité et aux engagements», a-t-il dit.

Giorgia Meloni a qualifié la réaction de la France d'»incompréhensible et injustifiée». Les tensions n’ont semblé s’apaiser que lundi après un entretien entre les présidents italien et français, Sergio Mattarella et Emmanuel Macron. Giorgia Meloni a dit mercredi qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’évoquer le sujet avec le chef de l’Etat français lors du sommet du G20 à Bali.

Devant le Sénat italien, Matteo Piantedosi a réaffirmé que Rome n’avait pas l’obligation de prendre en charge tous les migrants secourus par des «navires privés» et que les bateaux humanitaires battant le pavillon d’autres Etats devaient se tourner vers ces derniers pour obtenir de l’aide, plutôt que vers l’Italie.

«L’Italie a toujours souligné la nécessité que les arrivées de migrants ne pèsent pas uniquement sur les pays aux frontières extérieures de l’Europe», a-t-il poursuivi, jugeant insuffisant le mécanisme actuel de répartition au sein de l’UE.

Le nombre de migrants arrivés en Italie s’élève à 93.000 depuis le début de l’année, contre 59.300 sur la même période un an plus tôt. Environ 15% d’entre eux ont été secourus par des navires humanitaires.

Selon les données de l’institut ISPI, Rome a admis l’an dernier moins de réfugiés, en pourcentage de sa population, que d’autres pays membres de l’UE comme la France, l’Allemagne ou l’Espagne, et traité au cours des deux dernières années moins de demandes d’asile que plusieurs de ses voisins.

(Reportage Angelo Amante, version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Tangi Salaün)

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