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Liban: Le président Aoun dit craindre une «crise constitutionnelle»


Le drapeau libanais flotte près de l’hôtel Phoenicia, endommagé lors de l’explosion du port de Beyrouth en 2020, après sa réouverture, à Beyrouth. /Photo prise le 7 octobre 2022/REUTERS/Mohamed Azakir

par Laila Bassam

BEYROUTH (Reuters) — À quelques heures de la fin de son mandat, le président libanais, Michel Aoun, a déclaré à Reuters samedi que son pays risquait de sombrer dans le «chaos constitutionnel» en l’absence de successeur à la tête de l’Etat alors que le gouvernement se limite à gérer les affaires courantes.

Michel Aoun doit quitter le palais présidentiel dimanche avant l’expiration de son mandat de six ans mais le Parlement, malgré quatre tentatives, n’a pas été capable de former une majorité pour désigner son successeur.

Si le Liban a déjà connu par le passé plusieurs périodes de vacance du pouvoir présidentiel, il est aujourd’hui menacé de basculer dans une situation sans précédent si l’absence de président s’ajoute à une limitation des pouvoirs du gouvernement.

Michel Aoun a laissé entendre qu’il envisageait toujours une initiative de dernière minute pour tenter de sortir de l’impasse constitutionnelle mais il a déclaré à Reuters n’avoir pris «aucune décision définitive» sur la nature de cette initiative.

Son gendre Gebran Bassil, inscrit par les Etats-Unis sur une liste noire en 2020 en raison de soupçons de corruption qu’il réfute, ne cache pas ses ambitions présidentielles.

Samedi, Michel Aoun a déclaré que les sanctions américaines ne suffiraient pas à empêcher Gebran Bassil de se porter candidat.

«Une fois qu’il sera élu, les sanctions disparaîtront», a-t-il ajouté, assurant que «nous les effacerons».

La dernière semaine de la présidence Aoun a été marquée par la ratification de l’accord conclu avec Israël, sous l’égide des Etats-Unis, sur la délimitation de la frontière maritime entre les deux pays, une avancée diplomatique modeste qui doit permettre aux deux pays de développer l’exploitation d’un gisement de gaz en Méditerranée.

Michel Aoun a déclaré samedi que le Hezbollah, soutenu par l’Iran, qui a envoyé des drones non-armés survoler le territoire israélien et menacé à plusieurs reprises d’attaquer des plates-formes d’exploitation gazière israélienne, avait joué un rôle «dissuasif» favorable au Liban dans les négociations.

«Cela n’était pas coordonné (avec le gouvernement). C’est une initiative prise par le Hezbollah et elle a été utile», a-t-il dit.

Le président a ajouté que l’exploitation des réserves de gaz à laquelle l’accord ouvre la voie pourrait être la «dernière chance» de l’économie libanaise, plongée depuis trois ans dans une crise majeure qui a fait chuter de 95% la valeur de sa monnaie et fait basculer 80% de la population dans la pauvreté.

Michel Aoun a par ailleurs signé samedi une loi modifiant les conditions du secret bancaire, une nouvelle étape dans les réformes conditionnant une aide de trois milliards de dollars (autant d’euros) du Fonds monétaire international (FMI).

(Reportage Laila Bassam et Maya Gebeily, version française Marc Angrand)

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